13 mai 2012

Rencontre avec deux Sagittaires

Ses phalanges, ses doigts, ainsi que la fin de ses articulations étaient parsemées de brûlures, et son visage ne disait jamais de souffrance. 25 ans, cet "emphasé" total comme me l'a bien dit Violette, qui vivait simplement. La mesure de sa voix, douce, enfantine, et lointaine, n'était pas la même que son ardeur amoureuse et éprise de contacts humains, forts, "passionnés" comme le disait-il. Il était là, c'est tout, et lorsqu'il parlait il parlait doucement, pas pour nous faire comprendre, mais pour comprendre lui-même. Toute son approche avec le monde était fondée comme sur un pilier fissuré, bancal, presque aérien. Un pilier qui ne sert à rien, mais qui est bien là, toujours encore. Et loin de nous apprendre il apprenait lui-même.
Mais qu'est-ce que c'est ? mais qu'est-ce que c'est que ca ?
Un dreadeux bien perché, bien heureux, et bien échoué au delà de tout. En l’occurrence, au delà des brûlures : toujours toujours rechercher de nouveau le contact d'autres peaux, bien que cela fasse mal, les multiples degrés de ses plaisirs semblaient atteindre un extase qui lui dépassait amplement l'idée d'avoir mal.


A ma gauche, une présence sage, virile, et qui malgré les séquelles a gardé des restes d'une fierté masculine. Cet homme de taille moyenne, fin, avec un visage aux traits ambigus. Il me parlait lorsque je ne le regardais pas, et je faisais semblant de ne pas l'écouter alors que tout ses mots étaient bien mémorisés soigneusement.
"T'as un sagittaire de quarante-quatre ans qui te parle... Avec un putain d'vécu de merde."
et cet homme qui me disait ne pas être bien, me semblait si fragile et si fort à la fois, que je finis par le croire à la fin lorsqu'il me parlait d'amour et d'optimisme. Ses yeux étaient petits, fins, tirés, et sur les cotés on pouvait y apercevoir des petits traits fins tissés à la fin de la ligne de ses cils. Des rides du rire, des rides de colère, des rides de souffrance. Qui sait. Ils étaient si petits, et si profonds à la fois, que pour accentuer l'intensité de son regard il fallait bien scruter à l’intérieur de ses yeux pour y observer, entre le noir de ses iris et le noir de ses pupilles, un extrait, une essence de son être tout entier qui se livrait si généreusement à moi. Un parfum d'homme de la rue, qui apprend à sa fille Sagittaire qu'elle va réussir dans la vie par le simple fait qu'elle a le regard d'une amoureuse, que ca se voit profondément, que ca se sent, que c'est beau, et que ca va l'emmener loin.

Tout cela aux cotés de ma tendre Violette, et nous nous échangions des regards complices à chaque fois que des mots et des comportements savaient très bien nous parler. Nous nous sentions très bien, et ce fut deux rencontres formidables, comme si le destin nous avait envoyé à chacune une présence qu'il nous fallait avoir à nos cotés, juste le temps d'un après-midi.

2 commentaires:

Elha Najma a dit…

J'aime toujours autant te lire.

Douces pensées.

Shirley a dit…

Je te remercie Elha

Prends soin de toi :)